Toits de chaume : guide complet

Les toits de chaume sont réalisés à partir de bottes de chaume, un matériau végétal et biosourcé. La définition du chaume désigne la tige des céréales, qui reste sur le pied après la moisson. On parle d’ailleurs également de « paille » pour désigner le chaume.

Une toiture en chaume est réalisée à partir de bottes de chaume, à savoir un enchevêtrement de tiges séchées. La densité de chaque botte rend le chaume résistant au feu, et totalement imperméable. Il devient alors utilisable comme couverture de toit.

Si vous vous demandez avec quelle plante on fait les toits de chaume, il faut savoir que le jonc de roseau est le matériau le plus utilisé de nos jours. La paille de seigle est également encore utilisée de temps à autre. La paille de blé fut, elle, utilisée dans certaines régions, mais s’avère nettement moins durable pour créer des toits de chaume.

Les toits de chaume sont réalisés par des artisans chaumiers.

La réalisation d’un toit de chaume se fait comme suit :

• Pour commencer, le chaume nécessite une pente de toiture minimale de 40°. On conseille néanmoins une pente située entre 45 et 60°. La pente permet de faciliter l’écoulement des eaux de pluie, et donc d’éviter la formation de mousse.
• Le chaume se présente sous forme de bottes, qui vont être attachées sur un réseau de liteaux et contre-liteaux, à l’aide de fil de fer.
• Le toit de chaume se fait de bas en haut. Le chaumier va donc monter progressivement la toiture, jusqu’au faîtage.
• L’épaisseur d’un toit de chaume idéale est de 30 centimètres ou plus. De cette manière, le chaume forme une couche isolante très efficace.
• Le faîtage est réalisé à l’aide de tuiles de terre cuite, ou encore grâce à un lit de terre, dans lequel sont plantés des iris.
• Le toit de chaume ne nécessite pas de gouttières, car les eaux sont naturellement évacuées.

Toiture patrimoniale et particulièrement technique, le toit de chaume doit absolument être confié à un artisan spécialisé. Tous les couvreurs ne savent pas forcément réaliser ce type de toiture.

Le prix d’un toit de chaume varie généralement en fonction de la surface de la toiture.

En moyenne, on considère que le prix de pose d’un toit de chaume se situe entre 150 et 250 euros par mètres carrés. La pose d’une toiture en chaume de 100 mètres carrés sera donc estimée entre 15 000 et 25 000 euros TTC. Naturellement, seul un devis de couvreur chaumier vous permet d’être certain à 100 % du prix d’une toiture en chaume.

Du côté de l’entretien, le prix d’entretien d’un toit de chaume se situe entre 18 et 30 euros par mètres carrés. Il faut donc prévoir entre 1800 et 3000 euros pour l’entretien d’une couverture chaume de 100 mètres carrés. La fréquence d’entretien d’une toiture en chaume va varier :

• On considère qu’un toit de chaume neuf peut tenir entre 7 et 10 ans sans entretien.
• Par la suite, il est conseillé de réaliser un entretien tous les 3 à 5 ans (en fonction de l’âge de la toiture et de son exposition).

Un couvreur chaumier peut vous conseiller et vous informer sur l’entretien d’une telle couverture, et vous garantir la plus grande durabilité possible pour votre couverture.

À l’heure où il devient de plus en plus difficile de trouver des matériaux de construction, et où le coût de l’énergie augmente, la toiture en chaume s’avère particulièrement pertinente.

Les avantages d’une toiture en chaume sont nombreux :

• C’est une toiture écologique et recyclable. Le toit de chaume est recyclable à 100 %, étant donné qu’il s’agit d’un matériau compostable.
• Le chaume est biosourcé. Cela signifie que c’est un matériau naturel et renouvelable. Réalisé à partir de joncs de roseaux (pour la plupart des toits de chaume modernes), il est 100 % naturel, et peu polluant à produire (la plupart des bottes de chaume proviennent d’Europe).
• Les bottes de chaume sont légères. Elles peuvent se poser sur la plupart des charpentes. En neuf, opter pour du chaume permet de faire des économies sur le bois de charpente. La légèreté du chaume permet par ailleurs de réduire la pollution déclenchée par son transport.
• Un toit de chaume, s’il est épais de 30 centimètres ou plus, offre une excellente isolation thermique et acoustique. C’est l’une des rares toitures isolantes (avec le toit végétalisé).
• C’est une couverture de toit originale et esthétique. Elle est idéale si vous rêvez d’une maison qui sort de l’ordinaire.
• Enfin, le chaume peut être posé pratiquement dans toutes les villes de France, car il s’agit d’une toiture patrimoniale. Elle peut ainsi parfois être posée y compris dans les zones concernées par un Plan Local d’Urbanisme.

Ces différents atouts expliquent pourquoi le toit de chaume est de plus en plus populaire.

Malgré tout, la toiture en chaume comporte certaines limites.

Avant de passer le pas, il faut garder à l’esprit que cette solution souffre de certains défauts :

• En premier lieu, les couvreurs chaumiers sont rares. En conséquence, le délai d’attente pour la pose d’une toiture en chaume s’avère souvent assez long (il peut atteindre plus d’un an  !).
• Par ailleurs, le prix d’un toit de chaume est relativement élevé. On peut dire qu’il s’agit d’un toit assez haut de gamme. On gardera néanmoins à l’esprit que sa pose permet de faire des économies sur le prix de la charpente et des isolants.
• Ensuite, l’entretien d’un toit de chaume est plus contraignant. Il est conseillé de faire intervenir un chaumier tous les 3 à 5 ans pour entretenir une couverture en chaume.

Comme le toit de chaume reste assez rare, il est important d’être patient quand on rêve d’une telle toiture. Mieux vaut anticiper vos travaux de couverture chaume bien à l’avance, car les artisans chaumiers sont très sollicités.

La durée de vie d’une toiture chaume peut varier en fonction de différents éléments :

• La pente de la toiture (privilégiez la pente la plus élevée possible),
• Les conditions climatiques (exposition, vent, proximité avec la mer, etc.),
• La présence d’arbres à proximité (qui facilite l’apparition de mousse),
• Le type de chaume,
• La qualité de pose,
• La fréquence et la qualité d’entretien.

En moyenne, un toit de chaume va durer entre 30 et 50 ans, s’il est correctement entretenu. On conseille de faire intervenir un chaumier tous les 3 à 5 ans pour réaliser son démoussage. Au cours de sa durée de vie, le toit de chaume peut recevoir de nouvelle botte de chaume, sans quoi il va perdre progressivement de son épaisseur.

Les toits de chaume restent donc relativement sensibles, surtout si on les compare avec une toiture en ardoise ou en zinc.

Si vous vous demandez avec quel produit démousser un toit de chaume, nous avons une mauvaise nouvelle pour vous ! Le toit de chaume doit forcément être démoussé à la main, et sans produit. Tout produit antifongique risquerait d’attaquer le chaume et de l’abîmer.

Ainsi, le démoussage d’un toit de chaume se fait comme suit :

• La mousse peut être enlevée à la batte, ou encore à l’aide d’un râteau. Elle est retirée manuellement, en grattant légèrement le chaume. Les artisans chaumiers utilisent généralement un outil qu’ils réalisent eux-mêmes.
• Après démoussage, on peut nettoyer la toiture à l’eau claire de manière à éliminer les dernières traces de mousse.
• Lors de son intervention pour un démoussage, le couvreur va généralement en profiter pour rajouter quelques bottes de chaume. L’idée est de remplacer le chaume qui a été gratté ou attaqué par la mousse.

Il est essentiel de supprimer la mousse dès qu’elle apparaît. Et pour cause, la présence de végétation sur le toit va empêcher le chaume de sécher complètement. À terme, il risque de pourrir et de perdre son étanchéité.

On parle communément de chaumière pour désigner une maison au toit de chaume.

Les chaumières sont des maisons rurales, généralement conçues avec une couverture en chaume et des murs en torchis. On trouve de très nombreuses chaumières aux Pays-Bas, mais aussi en Angleterre.

En France, la plupart des villages de chaumières se situent en Normandie, en Bretagne ou encore en Corrèze. Mais il faut savoir qu’on peut faire construire une chaumière dans toutes les régions françaises.

Il est difficile de dater exactement l’apparition du toit de chaume, pour la simple et bonne raison que le chaume ne résiste pas aux siècles ! Une chose est sûre : la couverture chaume est une toiture déjà utilisée en Europe méridionale durant l’Antiquité. On considère d’ailleurs que les tribus nomades utilisaient déjà des toitures végétales quelques milliers d’années avant notre ère.

Le toit de chaume est avant tout une toiture paysanne, qui s’est donc durablement installée avec la sédentarisation. Si elles sont très souvent réalisées à partir de joncs de roseaux aujourd’hui, les couvertures chaume d’hier étaient conçues avec de la paille de blé ou de seigle (selon les régions). Les paysans utilisaient leurs propres récoltes pour faire leurs toitures et les rénover. Il s’agissait alors d’une toiture locale très bon marché.

En France, la tradition du toit de chaume a peu à peu disparu à partir du XXe siècle.  Ce furent d’abord les communes qui incitèrent à l’utilisation d’autres matériaux (essentiellement la tuile et l’ardoise). Le chaume a néanmoins perduré dans les campagnes, même s’il a un temps eu la réputation d’être la « toiture du pauvre ». Puis, l’industrialisation de l’agriculture a rendu la paille impropre à la création de bottes de chaume, ce qui a précipité le déclin de cette toiture paysanne.

Aujourd’hui, le toit de chaume s’avère de plus en plus populaire, et a regagné ses lettres de noblesse.

Contrairement à ce que l’on peut imaginer, le chaume n’est pas une toiture plus inflammable qu’une autre. La densité des bottes de chaume permet de les rendre à la fois étanche et résistantes au feu. Le chaume peut ainsi résister à une exposition directe à une flamme.

Les toitures en chaume modernes ne sont ainsi pas plus inflammables que les toits en tuiles ou en zinc. Il faut comprendre que les toits de chaume d’antan étaient généralement moins dense et de moins bonne qualité (puisque réalisés directement par les paysans). D’où la mauvaise réputation du chaume.

Ainsi, une chaumière peut tout à fait être équipée d’un poêle à bois ou d’une cheminée. Le conduit de cheminée sera spécifiquement traité par le couvreur pour éviter tout risque d’incendie. L’entretien régulier d’un toit de chaume et le ramonage des conduits va assurer une parfaite sécurité contre les incendies.