Les moyens dont dispose l’Etat ne sont pas suffisants pour protéger l’ensemble du patrimoine monumental français. Même si les fondations viennent en aide à l’Etat dans cette tâche difficile, le sort réservé à certains édifices historiques reste encore incertain.

Le patrimoine monumental est l’ensemble des monuments détenus par l’Etat.
La loi du 2 mai 1930 permet la protection des monuments naturels et des sites ainsi que de leurs abords. La loi du 25 février 1943 crée autour des monuments historiques un champ de visibilité de 500 mètres à l’intérieur duquel aucune construction nouvelle ni modification ne peut être réalisée sans autorisation.
Le budget réservé à la culture en 2019 était 2,9% du budget de l’Etat et celui réservé au patrimoine 3% de ce dernier, ce qui équivaut à 326 millions d’euros. En 2022 le budget réservé à la culture était de 4,08 milliards d’euros (hors audiovisuel) et celui pour le patrimoine de 1,019 milliard d’euros.
Le patrimoine monumental français est donc protégé par des lois et est financée par l’Etat.
Les édifices historiques ne sont pas systématiquement « classés »
Même si des lois permettent de protéger et financer certains édifices patrimoniaux, tous les édifices historiques ne sont pas « classés ». En effet, en 2021 seulement 14 235 immeubles sont classés parmi les 44 540 immeubles inscrits et protégés.
La grande majorité des immeubles sont entretenus, valorisés et sauvegardés par des fondations à but non lucratif comme « La fondation du patrimoine » ou « Mission Bern ».
Pour demander la protection d’un bâtiment en tant que monument historique, il faut monter un dossier depuis le site du ministère de la Culture. Il faut tout de même que la demande soit accompagnée de la description de l’immeuble, d’éléments relatifs à son histoire et à son architecture, ainsi que des photographies et des documents graphiques le présentant dans sa totalité et sous ses aspects les plus intéressants au point de vue de l’histoire ou de l’art.
Toute demande n’est pas acceptée, seulement 191 ont été acceptés en 2020. C’est en raison du coût très onéreux pour entretenir ces bâtiments. C’est pourquoi il faut aussi faire appel aux fondations.
Polémique autour du sort réservé aux églises rurales du XIXe siècle
Dans son livre « 682 jours, le bal des hypocrites » publié en ce début d’année, puis sur le plateau de « C à vous », l’ex-ministre de la Culture Roselyne Bachelot a affirmé qu’il ne serait plus possible de sauver certains édifices religieux, plus précisément les églises du XIXe siècle.
Selon Bachelot, « il y a un patrimoine culturel du XIXe siècle qui n’a pas un grand intérêt et il faudra que les citoyens intéressés se prennent par la main et décident de sauver telle ou telle église ». Bachelot pense que le coût élevé de l’entretien ne permet pas à l’Etat d’entretenir toutes les églises. Selon elle, « on ne pourra pas demander à l’État, il faut que l’État et les collectivités publiques se recentrent sur un patrimoine notoire ».
Les propos de Bachelot ont suscité de vives polémiques dans les médias et réseaux sociaux. En réponse aux propos polémiques de Bachelot, « chaque église détruite est un aveu d’échec », s’est indigné Stéphane Bern, figure de proue de la défense du patrimoine.
Notre-Dame de Paris : un patrimoine emblématique victime d’une imprudence
Même en étant protégés, rénovés et subventionnés, certains immeubles historiques sont menacés, comme la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Chaque année entre 12 et 14 millions de personnes visitent la célèbre cathédrale construite il y a 860 années, ce qui fait d’elle le monument historique le plus visité d’Europe. Le 15 avril 2019 elle est frappée par un terrible incendie. L’emblématique flèche de la cathédrale s’est effondrée, la charpente construite dès le XIIIe siècle et la toiture ont été complètement détruites. Par miracle, la grande rosace en vitraux, l’autel et la majeure partie des œuvres d’art et objets liturgiques ont été épargnés par le feu.
Les dégâts matériels s’élèvent à 8 milliards de dollars selon une estimation.
Selon certaines sources, l’incendie aurait pu être évité. D’après une enquête du journal Le Monde il y avait plusieurs failles et dysfonctionnements dans les systèmes.
Le PC sécurité installé dans le presbytère aurait réduit ses effectifs depuis sa prise de fonction en 2014. L’un des deux agents était chargé de surveiller le système de sécurité incendie, l’autre de faire des rondes et des levées de doute. Ils ont été remplacés par une seule et unique personne. Ce dernier n’avait travaillé que trois jours dans le mois et ne connaissait pas l’intégralité du bâtiment. Le jour du drame, il travaillait depuis 7h30 du matin et aurait dû être remplacé dans la journée.
Les salariés se disaient trop peu nombreux, ils ne pouvaient plus assurer leurs tâches correctement, faute de temps. Selon un employé, le système d’incendie n’était pas fiable et des mégots auraient été trouvés au niveau de la charpente en 2015, lors d’une ronde.
L’agent sur place manquait d’expérience lorsque le feu s’est propagé dans les combles de la nef le 15 avril. Cette situation aurait retardé et compliqué l’intervention des pompiers.
En conclusion, à l’heure actuelle l’Etat se trouve dans l’incapacité de protéger l’ensemble d’édifices historiques qui constituent l’ADN de la France. Malgré le travail respectable des fondations et l’engagement des amoureux du patrimoine, il reste encore un long chemin à parcourir pour la préservation du patrimoine monumental français. Comme le souligne si bien Stéphane Bern, « notre patrimoine, c’est la chance de la France, y compris sur le plan économique, c’est notre trésor, notre pétrole ».
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